© Catherine Peillon
En septembre, le comité de rédaction de Présent Continu vous propose d’écouter :
> La sélection de Sébastien Béranger (?) : |
Emmanuel Nunes – Machina Mundi – par Coro e Orquestra Gulbenkian et Fabrice Bollon / paru en 1994 chez Montaigne Auvidis.
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Emmanuel Nunes ne m’a jamais parlé de « Machina Mundi » !
J’ai pourtant toujours entendu dans cette œuvre les fondements de sa musique, les racines de son esthétique. L’œuvre est une commande du Portugal pour les commémorations des découvertes portugaises et Nunes nous y dévoile la route des Indes par Vasco de Gama (le texte est extrait de Os Lusíadas de Luís de Camões).
La musique se fait douce, tendre et recueillie – quasi religieuse – dans les interventions du chœur. Les timbres des multiples percussions et les polyrythmies invitent au voyage et à l’exil, tandis que les instruments graves (flûte contrebasse et octobasse, clarinette contrebasse, tuba) laissent transparaître toute la chaude mélancolie du compositeur.
Yan Maresz – Metallics – par Jean-Jacques Gaudon / paru chez IRCAM Universal Classics, Collection compositeurs d’aujourd’hui.
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« Metallics » de Yann Maresz est probablement l’un des plus beau exemple de fusion entre une inspiration jazzistique (Maresz a longtemps travaillé avec John Mc Laughlin) et une esthétique résolument contemporaine.
La mixité est ici essentielle. Dépassant la simple amplification, la sonorisation de l’instrument « teinte » son timbre et renvoie à ses modèles ; de Miles Davis à Randy Brecker… L’électronique démultiplie la trompette, la rendant faussement polyphonique et résolument rythmique.
> La sélection de Nicolas Debade (?) : |
Chris Watson – In St Cuthbert’s Time / paru en 2013 chez Touch Music.
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Que ce soit aux alentours de l’année 1980 avec la cold wave de Cabaret Voltaire ou plus récemment avec ses projets électroniques et surtout ses field recordings , Chris Watson fait musique ce qui relevait d’un côté de la froideur des machines et de l’autre paysages, animaux et éléments naturels croisés et capturés par ses micros. Ici, il est question d’imaginer la vie de l’évêque Cuthbert (VIIème siècle) sur Lindisfarne, une île au nord de l’Angleterre. Cloches, bruissement de l’eau, vrombissement lointain du vent ou d’une ville et onomatopées rappellent en filigrane la présence humaine ou animale avec vaches et chants d’oiseaux. Cet univers immersif crée un climat d’intense prospection intérieure et l’organisation interne complexe et riche rappelle les pièces du maitre du genre, Luc Ferrari.
Nurse With Wound – Chance Meeting on a Dissecting Table of a Sewing Machine and an Umbrella / paru en 1979 chez United Diaries.
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Autre ambiance que le disque précédent (mais démarche similaire malgré tout) avec ce premier disque de Nurse With Wound, projet toujours en activité de Steven Stapleton dont la musique industrielle expérimentale continue d’évoluer et surprendre. Cette fois, on est proche des Chants de Maldoror (le titre en est tiré), avec une certaine crasse et cruauté où stridences arides, guitares et oscillateurs acides et rythmes oxydés travaillent au corps l’imaginaire et triturent la zone de confort de l’écoute.
> La sélection de Kasper Toeplitz (?) : |
Reinhold Friedl – Xenakis [A]LIVE! – Zeitkratzer / paru en 2007 chez Asphodel.
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Sur le défunt label Asphodel, une composition étrange : « Xenakis [A]live! » est autant une composition de Reinhold Freidl (qui est également le leader de l’ensemble berlinois Zeitkratzer) qu’une sorte de transcription libre pour ensemble instrumental du « Persepolis » de Xenakis, dont on sent le souffle, dont on perçoit les timbres, surtout dans leurs débordements, bien qu’il s’agisse d’une autre oeuvre, entre hommage et appropriation. Également, pour ceux qui ne connaissent pas Zeitkratzer, une bonne introduction au travail de cet ensemble, entre les maîtres de la musique contemporaine du 20ème siècle, et la « noise music » d’aujourd’hui.
Bernard Parmegiani – De natura sonorum – Bernard Parmegiani / paru en 2013 (réedition de la composition de 1975) chez REGRM, editions MEGO.
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Bien évidemment il s’agit d’une reédition, dont l’original avait été publié en 1975 – la différence ici est qu’il s’agit de la version complète (ce qui n’était pas le cas de la première édition) et que c’est en version double-vinyle (cette pièce existe également en CD, sur le coffret dédié à Parmegiani) ; il y a ici également un nouveau mastering, qui rend le son plus clair, très présent. Et, d’un point de vue plus musical, cette réedition, aujourd’hui, pointe l’impression de modernité des parties électroniques (alors qu’elles ont été réalisées sur du matériel très primitif par rapport à nos habitudes contemporaines) alors que les parties instrumentales (notamment les sons de saxophone) paraissent datés (la technique instrumentale a également subie des modifications, dans les attaques, les timbres…).
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